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association des parents d'élèves école F. Roosevelt
12 septembre 2014

Vendredi noir des écoles, le retour (Marsactu - 12.09.2014)

On prend les mêmes et on recommence. Alors que la Ville promettait de mettre en place un système de garderie pour ce deuxième vendredi sans activités périscolaires, les grèves conjointes des agents des écoles et des animateurs mettent à mal ses ambitions. Résultat, les parents d'élèves manifesteront à nouveau devant l'hôtel de Ville. Noir, c'est noir.

Antoine Garbay

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Et de deux. A la veille du premier vendredi noir des écoles marseillaises, l'adjointe à l'éducation, Danièle Casanova avait tenté de rassurer les parents au cours d'une conférence de presse programmée en catastrophe. Entre autres mesures de secours, elle promettait la mise en place de garderies pour ce deuxième vendredi sans activité périscolaire. Or, cette promesse d'un vendredi gris perle plutôt que noir risque d'être mise à mal par des mouvements de protestation des personnels municipaux.

En effet, deux grèves des principaux acteurs concernés par la garde des enfants se superposent le même jour : celle des animateurs “référents” censés jouer le rôle de directeurs de garderie les vendredis après-midi, et celle du personnel d’école, autrement dit les "tatas", inquiètes d'être considérées comme bonnes à tout faire. Seul le syndicat Force Ouvrière n’a pas appelé à la grève, contrairement aux territoriaux de  l’UNSA, du SDU13-FSU et de la CGT. Du coup, le nombre d'écoles touchées par la grève des cantines est supérieur à celui de la semaine dernière : 269 sur 444 seront en grève contre 189 vendredi dernier. 

Les tatas en grève de cantine

Dans toutes celles-là, les parents sont donc priés de venir chercher leur progéniture dès 11 h 30. Nul doute qu'une partie d'entre eux rejoindront la manifestation organisée devant l'Hôtel de ville. Plusieurs mouvements de parents d'élèves ont appelé à un nouveau mouvement. Ils seront notamment rejoints par l'union départementale CGT, ce qui donnera sans doute une atmosphère un peu moins spontanée à l'affaire. D'autre part, les Atsem (les "tatas") seront également de la partie puisque les syndicats qui appellent à la grève ont appelé à un rassemblement au même endroit. 

"Ce n'est pas pour embêter les parents, au contraire. On les soutient, mais ils doivent comprendre que ce n'est pas de notre responsabilité de s'occuper des enfants les vendredis après-midi", explique Pierrette*, elle-même mère de deux enfants. Elle a d'ailleurs demandé à une amie d'aller les chercher à l'école à sa place. Jeanne* sait bien que le mois à venir sera compliqué. "Aujourd'hui, comme la semaine dernière, j'espère que ça se passera bien. Nous avons averti les parents qu'il n'y aurait pas de cantine et pas beaucoup d'animateurs". Et les semaines d'après ? "Je ne mettrai pas les enfants dehors, c'est hors de question ! Je suis maman moi aussi." Ce qui les inquiète toutes, c'est s'il y a un pépin : elles seraient tenues pour responsables, alors que garder les enfants n'est pas leur rôle et qu'elles ne sont pas qualifiées pour ça. En tout cas, "tatas et animateurs sont dans le même bateau, solidaires".

Les animateurs veulent un vrai statut

Si la réforme des rythmes scolaires a un avantage pour la Ville, c'est qu'elle est censée lui permettre de recaser les animateurs vacataires que la Chambre régionale des comptes lui avait recommandé d'intégrer l'an dernier. Ce sont eux qui sont supposés devenir les personnels référents pour les activités périscolaires dans chaque groupe scolaire. Dans l'intervalle et en roue de secours de cette rentrée boiteuse, ils doivent assumer la garderie en encadrant les Atsem. "Le personnel municipal accepte de garder les enfants dans les écoles à condition d'être chapeauté par les référents", précise l'adjointe à l'éducation, Danièle Casanova, jointe par nos soins. Problème, ils sont en grève...

Parmi ces animateurs vacataires, transformés en “référents”, Simon Corti est un précaire de la Ville depuis 25 ans. Pour lui, l’absence d’organisation des rythmes scolaires est “la goutte d’eau qui fait déborder le vase”. Pendant des années, le statut d’animateur vacataire était particulièrement précaire "mais personne n’osait trop broncher parce que l’heure était payée 18 euros, raconte-t-il. Sauf que depuis qu'on m'a fait passer en contractuel, la paie horaire est retombée à 9,20 euros"

Du coup, le pataquès municipal est l'occasion de faire monter les enchères. “On veut des primes, qu’on nous octroie le poste de directeur, qui correspond à cette mission et à notre position de cadre B. Surtout si c’est pour être envoyé au casse-pipe !” En effet, la situation promise n'est guère folichonne. Simon s’estime heureux : il est assigné à "une petite école" de 200 enfants pour seulement une centaine en garderie. “Mais certains de mes collègues se retrouvent seuls dans des écoles de 400 élèves ! Sans connaître les associations censées gérer les animations, sans savoir si les Atsem seront présents, accompagnés de très jeunes animateurs, tout frais sortis du BAFA… ce n’est pas sérieux. Au bout du compte, nous serons responsables s’il y a un pépin.”

Les animateurs grévistes seront devant l'Hôtel de Ville à partir de 9 heures et risquent donc de ne pas être présents l'après-midi, surtout si Danièle Casanova ne les reçoit pas dans l'intervalle. Sur ce point, l'élue se veut rassurante : "Le directeur général des services doit les rencontrer ce vendredi matin". En revanche, elle est bien en peine de prévoir combien seront dans les écoles l'après-midi : "Je pense que 50 d'entre eux seront à leur poste sur les 180 recrutés. Mais cela peut encore changer jusqu'à la dernière minute", estime-t-elle.

Les associations mises à contribution

La Ville n'a cependant pas épuisé ses cartouches. Il lui en reste deux mais la première risque de tourner au pétard mouillé. En effet, Danièle Casanova espérait que les associations de parents d'élèves assurent elles-mêmes la garderie du vendredi. Raté. "Cela a eu peu de succès auprès de ces associations, reconnaît-elle. La plupart des parents ne sont pas affiliés [aux grandes fédérations principalement la FCPE et la PEEP, ndlr]. Les associations sont donc indépendantes et non déclarées en préfecture." Il n'y aura donc pas de garde assurée par les parents dans les cours d'écoles. 

Restent alors les centres aérés ouverts par les mairies de secteurs et les fédérations d'éducation populaire. Concernant ces dernières, l'appel à projets a fonctionné. "Une centaine de garderies seront assurées par ces fédérations, précise l'élue. Ce sont notamment elles qui doivent mettre en place à partir d'octobre les activités périscolaires." C'est peut-être le seul éclair de bleu dans ce vendredi noir. A force de pression, le calendrier s'accélère un peu : à partir du 2 octobre "entre 30 et 40 écoles expérimentales sur l'ensemble de la ville, choisies par les mairies de secteur, auront leurs premières après-midis d'activités péri-scolaires", se félicite l'adjointe. Deux petits vendredis avant les vacances...

Dans les autres écoles, ce sera toujours la garderie. Heureusement, les animateurs référents viennent tout juste d'être formés... "à la gestion de conflit". "Un policier est même venu donner quelques conseils", ironise Simon Corti. Sans doute pour faire face à une attaque de parents au bout du rouleau... On plaisante mais l'affaire risque effectivement de tourner au vinaigre. Ainsi le porte-parole du SDU-FSU, Pierre Godard craint que “le désordre actuel perdure, et finisse par créer un inexorable sentiment de malaise. Si on ne met pas en place pas une présence identifiée, régulière, avec un visage connu et la stature d’un professionnel, on risque de dégrader le climat de confiance des parents envers les écoles.” C'est déjà mal parti...

*Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés.

Par Nathalie Cauquil, Carlotta Morteo (avec B.G.), le 12 septembre 2014

 

 

http://www.marsactu.fr/societe/vendredi-noir-des-ecoles-le-retour-36340.html

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