Rythmes scolaires à Marseille : vers un vendredi encore plus chaud ? (La Provence-10.09.14)

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Actions à Bois-Lemaître, au Roucas-Blanc : dès ce matin, les parents (re)feront entendre leur "indignation" face au retard du dispositif périscolaire dans les écoles. Un simple tour de chauffe avant un vendredi que d'aucuns prédisent plus mobilisateur encore que celui de la semaine dernière. Tentant d'éteindre un incendie qui l'a probablement dépassée, la mairie a proposé un dispositif de garderie provisoire. Ce qu'a confirmé hier Danielle Casanova, l'adjointe à l'Éducation, aux directeurs d'école. Dans les mairies de secteur, cependant, on reste circonspects quant à l'application de ce dispositif transitoire.

Ceux qui devraient encore souffler sur les braises, ce sont les syndicats. Plutôt discret la semaine dernière, le Snuipp, qui représente les enseignants du primaire, a initié pour ce mercredi une réunion "avec les parents et les syndicats" de territoriaux et appelle ses troupes à converger vendredi vers le Vieux-Port. "Ça peut être deux fois plus grand que le 5 septembre", estime Florimond Guimard, qui compte aussi sur les familles des quartiers populaires pour grossir les rangs des manifestants.

Ils y croiseront aussi les agents territoriaux réunis par l'Unsa ou le SDU-FSU qui appellent à la grève. Parmi eux, ceux de l'animation, pour la plupart d'anciens vacataires contractualisés à temps partiel, dont la formation à la mission de référents du périscolaire, tournerait "à la pétaudière" depuis deux jours.

"Ils se sentent pris en otage, ces agents"

"On leur demande des choses impossibles, appuie Pierre Godard, à la FSU. D'être au même moment à deux portails différents pour faire sortir les enfants par exemple." Ces agents ont prévu de descendre dès 9 h sur le port vendredi, réclamer qu'une délégation soit reçue "au minimum par Jean-Claude Gondard, le directeur des services". Tous ne seront pas aux commandes des fameuses garderies l'après-midi.

"Ils se sentent pris en otage, ces agents", concède Patrick Rué, à la tête de Force ouvrière qui n'appelle pas à la grève. "On la fait quand on peut gagner quelque chose : là, ça ne sert à rien", estime-t-il, conscient que sa base ne le suivra pas forcément sur ce coup. "Dans cet imbroglio, les gens cherchent à dire leur ras-le-bol."

Et ce ras-le-bol, les organisations syndicales veulent le faire fructifier : alors que pour la première fois, les élections professionnelles se dérouleront le même jour (le 4 décembre) chez les fonctionnaires d'État, territoriaux et hospitaliers, la FSU, notamment, ne cache pas son envie de tailler des croupières à FO et ses 61 % de représentativité à la Ville. "Forcément, tout ça radicalise les positions", note Patrick Rué. Un vendredi chaud, on vous dit.

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La garderie ? "Sur le papier ça a l'air de marcher..."

"Les élus sont aussi des parents ou des grands-parents comme les autres. La galère que vivent les familles, ils la partagent", explique-t-on en mairie des 11e et 12e arr. Ce sera même plutôt deux fois qu'une ce vendredi : pour pallier le manque d'animateurs -l'Ifac ne peut pas encore en mobiliser suffisament- Valérie Boyer, députée maire de secteur UMP, a demandé à son équipe d'élus de rester sur le pont. "Une dizaine d'écoles (1) devraient ainsi être en mesure de recevoir les enfants de 13 h 30 à 16 h 30", précise la mairie des 11e-12e.

Du côté des 6e-8e arrondissements, Yves Moraine, qui avait en quelque sorte donné l'exemple la semaine dernière, en allant jouer au foot avec les élèves de la Grotte-Rolland n'est pas prêt à rééditer : "Mon coeur n'y survivrait pas", plaisante-t-il. Plus sérieusement, "pas question de pérenniser un système qui ferait des élus des baby-sitters", balaie-t-il. Aux côtés des recrues dépêchées par les fédérations d'animation, "nous aurons, j'espère, une trentaine d'animateurs municipaux mobilisés". "Mais alors évidemment, s'ils font grève..." Le SDU-FSU 13 a en effet appelé le personnel territorial d'animation à emboîter le pas aux agents des écoles et à débrayer vendredi.

"On a que des cas particuliers"

"Écoutez, moi je me fie à la note que Danielle Casanova a envoyée ce jour (hier NDLR) aux directeurs d'écoles : elle dit bien que les référents du périscolaire assureront la garderie provisoire avec le personnel associatif ou des agents municipaux", observe-t-on en mairie des 4e-5e. Mais où sont les animateurs ? Seront-ils présents en nombre suffisant ? Y aura-t-il des "tatas" pour les seconder ? On sait que tous les référents du périscolaire n'ont pas encore été recrutés.

Et que très peu d'associations de parents d'élèves sont détentrices d'une assurance leur permettant de prêter main forte. "Sur le papier, si on prend le problème de façon générale, ça a l'air de marcher. Le problème, c'est tous les cas particuliers, école par école. Et on a que des cas particuliers. Je suis très inquiet", souffle-t-on square Sidi-Brahim.

(1) Ces écoles sont Caillols, Camoins, Jouvène-Valentine, Saint-Barnabé, Trois-Lucs, Valbarelle, Château Saint-Jacques.

Delphine Tanguy